"Au printemps des monstres" de Philippe Jaenada
Connaissez-vous l’homme qui a passé le plus de temps en détention en France, en l’occurrence 41 ans ? Il s’agit de Lucien Léger, condamné pour le meurtre d’un enfant en 1964. C’est sur cette affaire qui a défrayé la chronique que Philippe Jeanada se penche dans son nouveau roman.
Dernière modification : 30/10/2021 10:44

« C’est une certitude, nous a confié l'écrivain. Ce qu’on appelle la vérité judiciaire, c’est-à-dire la conclusion de l’enquête de police et de l’instruction, est fausse. Je crois que Lucien Léger a des choses à se reprocher mais le scénario qui l’a envoyé en prison ne tient pas debout. »
Les « monstres » que Philippe Jaenada met en scène dans son roman, ce sont au contraire d’autres protagonistes de l’histoire dont l’auteur révèle la véritable nature, du célèbre avocat qui a assuré la défense de l’accusé, au père de l’enfant assassiné. Dans ce dossier édifiant, il n’y a guère que Solange, la femme de Lucien Léger, qui a passé une grande partie de sa vie en hôpital psychiatrique, pour racheter l’humanité.
Quel est le but de l'auteur après un tel travail ? Où place-t-il le rôle de l’écrivain ? Entend-il amener la justice à reconnaître ses erreurs ? Pas du tout : « Moi je me vois comme un conteur (…) Après j’espère que le livre sera utilisé par d’autres pour faire changer les choses. Sans aller jusqu’à une révision du procès qui serait illusoire, il pourrait servir à ce que les gens regardent Lucien Léger d’un œil différent. »
Que les futurs lecteurs ne se laissent donc pas impressionner par les 749 pages qui composent ce livre. S’ils acceptent de se laisser porter, ils vont vivre une expérience littéraire d’une incroyable intensité.