''Je voulais vivre"" d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Milady de Winter est l'une des grandes méchantes de la littérature, un personnage que l'on adore détester. Et Adélaïde de Clermont-Tonnerre l'a elle-même haïe quand elle a découvert, enfant, le roman d'Alexandre Dumas. Jusqu'à ce qu'elle le relise il y a quelques années, et qu'elle tique sur un détail de l'histoire : Milady, jeune fille perverse, aurait détourné, à 15 ans, un prêtre. « Évidemment, je ne juge pas d'une époque révolue avec nos valeurs d'aujourd'hui. Néanmoins, cette jeune femme qui est encore une enfant, est-ce vraiment elle qui détourne le prêtre ? Est-elle vraiment la criminelle ? Ou pourrait-on voir les choses différemment ? »

La romancière a donc enquêté comme on rouvre un cold case. Elle a récolté tous les indices semés par Alexandre Dumas et a comblé les trous. Pour nous raconter un destin bien différent que celui qui est suggéré initialement. Et elle en fait un grand roman plein de rebondissements, à mi-chemin entre le livre historique et l'intrigue contemporaine. « Je voulais que vous ayez le sentiment de lire à la lueur de la bougie, d'entendre le cliquetis des épées, de sentir l'odeur de cuir. Et en même temps, Milady est une héroïne extraordinairement contemporaine. Elle parle des femmes et des hommes d'aujourd'hui. Et je voulais qu'elle ait des mots qui soient aussi d'aujourd'hui. »

Au final, ce roman, qui a valu à son autrice le Prix Renaudot, est-il une réécriture de l'œuvre initiale ou un hommage à Dumas ? C'est, selon Adélaïde de Clermont-Tonnerre une déclaration d'amour. « Si ce livre est bien accueilli, c'est parce qu'on ne peut pas le lire sans voir que j'aime passionnément Dumas et que je ne fais que lui rendre hommage. »